Dominique SCALI
08/2022 – La Peuplade
Ilot rocailleux perdu au milieu des flots gris de l’Océan Atlantique, Ys est soumise à chaque équinoxe à de terribles marées qui engloutissent les rivages, forçant les habitants des bourgades miséreuses à s’abriter dans des grottes humides, dans les falaises soutenant la ville haute. Ceux qui vivent protégés des flots iodés sont citoyens, choisis au hasard ou au mérite parmi les riverains.
Sur Ys, les hommes et les femmes vivent de la mer, la même que celle qui les tue ; marins, écailleuses, tous considèrent que savoir nager, c’est une lutte vaine contre la mort, c’est une bataille perdue d’avance contre l’océan.
Danaé Berrubé-Portanguen sait nager pourtant. C’est sa vie qu’on va suivre dans les pages de ce roman flamboyant, entre dystopie et texte – faussement – historique, de son enfance sur les rives crasseuses d’Ys à sa mort, en passant par ses années de désamours derrière les murs et les fards lourds de la cité.
Récit d’une vie commune dans un monde rude, Les marins ne savent pas nager se démarque par sa plume élégante, sa capacité à nous faire croire à son monde et à rendre, parfois en à peine quelques lignes, chaque personnages incroyablement vivants. Véritable épopée ordinaire, le roman nous happe et nous emporte, nous ballotte aussi dans ses flots chaotiques.
Ce livre m’a transporté, et peut-être vous fera-t-il aussi voyager.
Alexandre