Lenka HORNAKOVA-CIVADE
04/2016 – Alma
« Il faut le préciser, on est des bâtardes de mères en filles, comme certains sont des boulangers ou rois. Aujourd’hui, il n’existe plus de boulangers. Ils ont été remplacés par des boulangeries industrielles qui crachent du pain sans âme. Les rois n’existent plus non plus et ont été remplacés, eux, par le Parti Communiste. ll faut maintenant être communiste de pères en fils. L’avantage avec le communisme, c’est que chacun peut l’adopter, alors que normalement il n’y a qu’un seul roi par pays. »
Ce roman est découpé en trois parties dont les titres sont des prénoms : Magdalena, Libuse et Eva. Magdalena est la mère de Libuse et Libuse est la mère d’Eva.
Trois générations de femmes dont l’histoire semble se répéter : être fille de père inconnu. Elles assument l’absence de père, dans des circonstances certes différentes et subissent souvent pour le pire, le mépris voire la violence d’un beau-père. Pourtant, à chaque étape de leur vie, ces femmes progressent, prêtes à tout pour survivre et donner une meilleure chance à la suivante.
Une quatrième femme a une place très importante dans ce récit : Marie, sorte de matriarche, la mère de Magdalena. Une femme forte, dure traversée parfois d’éclats de tendresse.
En toile de fond se déroule l’Histoire de la Tchécoslovaquie de 1930 aux années 80: l’annexion nazie, l’expropriation des propriétaires terriens allemands après la Seconde Guerre, l’installation du communisme et la mutualisation des biens, le Printemps de Prague…
C’est un très beau roman sur l’héritage, la transmission, les origines et la filiation porté par de magnifiques voix de femmes courageuses.
L’écriture est simple et tendre.
Sophie (Médiathèque de Meyzieu)