Jérôme Ferrari
Actes Sud – 08/2018
Antonia vit avec un appareil photo à la main. Depuis que son parrain lui en a offert un adolescente, elle traque les images. Des photos de famille, elle est passée aux prises de scènes de guerre. Mais il est difficile de livrer certaines images. Revenue de l’ex-Yougoslavie elle va d’ailleurs choisir de vivre en prenant des photos de mariage.
C’est en revenant d’un mariage qu’elle va brutalement perdre la vie dans un accident de voiture.
Son oncle – parrain, prêtre doit célébrer la cérémonie funèbre. Même s’il est effondré, il doit faire face et accepter de partager son chagrin avec d’autres.
Cette messe funéraire, telle une boite de Pandore, libère tous les souvenirs de la vie d’Antonia : son premier amour, pour un nationaliste prêt à tout pour son île et leur étrange relation, ses choix professionnels, ses aventures amoureuses, ses rencontres photographiques, sa vision du monde…
La photo. L’image. Les images prises sur le vif pour dénoncer ? témoigner ? ne pas oublier ?
Ce texte nous interroge sur les raisons qui poussent à fixer ces scènes tragiques. Quelles motivations ont les photographes, les journalistes ? Que faire d’un réel dramatique dont on est témoin ? Jusqu’où le regard porté (protégé ?) « derrière » un appareil photo nous implique dans ce qui se déroule « devant » ? Quel poids auront ces clichés dans une société saturée d’images ?
Très vite la vie d’Antonia nous fascine par ses questionnements, ses doutes, ses choix.
Un texte très riche porté par la magnifique plume de Jérôme Ferrari !
Sandrine