Olivier Paquet
08/2022 – L’Atalante
2035 – Lyon.
Esther est chargée de réhabiliter les espaces verts à partir de photos, de souvenirs… bref, de toute archive susceptible d’aider son travail de reconstitution de cette nature qui a dépéri. Il suffira d’une notification sur son téléphone pour que tout se bouscule dans sa tête : une vidéo prise d’un balcon, souvenir de son confinement d’adolescente de 2020 vécu avec son père, a été interchangée avec une autre qui n’est pas la sienne. Aussitôt cette notification ouverte, Esther n’a plus aucune possibilité de récupérer le véritable souvenir qui lui échappe totalement. Est-ce un cas isolé ou bien est-elle la première d’une longue liste à voir ses souvenirs modifiés et envolés de sa mémoire ? L’intelligence artificielle est-elle à blâmer, elle qui est maintenant bien ancrée dans la société ? Ou bien est-ce ce “grand D”, cette figure de l’ombre qui alimente la rancœur sur les réseaux sociaux avec sa campagne de désinformation, et ce dans une société déjà proche de l’implosion ?
Excellent roman d’anticipation qui perturbe par sa ressemblance avec un potentiel futur. 2035 n’est pas si loin d’aujourd’hui et toutes les interrogations et réflexions dans ce roman sont d’ores et déjà à l’étude aujourd’hui. Intelligence artificielle donc, mais également le pouvoir des réseaux sociaux qui nous impactent au quotidien. Quelle trace laissons-nous sur les réseaux et qui croire ? C’est aussi de la désinformation dont il est question dans ce roman, à l’heure où tout et son contraire peut se dire. Olivier Paquet interroge cette société de demain, avec ses avancées mais aussi ses dangers. Il questionne également l’impact que peuvent avoir les souvenirs, bons ou mauvais, sur la construction de chaque individu. On ressort de ce roman intrigués mais aussi bousculés dans nos idées. Un roman visionnaire, intelligemment construit et qui nous fait écho. Bluffant !
Laurine