Andrus Kivirähk
05/2015 – Le Tripode
Les hommes des bois ne sont plus assez nombreux ; même s’ils ont appris des serpents eux-même cette langue à l’autorité innée, la Salamandre ne répond plus à leurs appels. Ainsi, les hommes de fer s’installent à l’orée de leurs forêts, cultivent la terre, bâtissent des monastères. Un temps, ils résistent, mais les mœurs nouvelles attirent chaque année de nouveaux adeptes et l’ancien monde se délite.
Le narrateur, un des derniers connaisseurs de la langue reptilienne, va grandir dans ce monde en perdition, voir sa vie se dépeupler, et lutter contre cet inévitable déclin de son temps.
Fable aux accents acides, véritable pamphlet visant les masses qui s’agitent avec ou contre les courants d’un monde en constante évolution, L’homme qui savait la langue des serpents nous fait le portrait d’une Estonie entre mythe et modernité, dans une langue claire et pleine, nous offrant un univers fantasque, teinté d’un humour à la noirceur assumée et d’un fatalisme désenchanté. Ce roman est de ceux qui bouleversent, c’est réellement un texte rare, d’une incroyable richesse, subtil, drôle, décalé, émouvant.
Un livre majeur.
Alexandre