Alex Taylor
03/2022 – Gallmeister (Totem)
Nous sommes en plein cœur de l’hiver, en Virginie, en 1748. Les Etats-Unis ne le sont pas encore, et les Anglais disputent aux Français et aux Natifs (ici, les Pawnees) les territoires. Ici, tout est âpre, violent, ici, tout n’est qu’une question de survie : tuer ou être tué, c’est la règle, aussi bien pour les humains entre eux que pour les humains face aux animaux…
Reathel fuit sa ferme, depuis le décès de sa femme et de son bébé. Il a tout laissé tomber, et il erre, accompagné d’un grand chien semi-sauvage. Mourant de faim, il force l’entrée d’une cabane abandonnée, en tue l’occupant et se retrouve avec sa compagne, sur le point d’accoucher. Mais Della n’est pas n’importe quelle femme, elle a fui le village voisin pour garder son bébé. Car les habitants de ce village ont un « deal » avec la tribu des Pawnees : pour que ceux-ci les laissent tranquilles, ils doivent leur donner un bébé. Et ce bébé, c’est celui que Della s’apprête à mettre au monde. Elle s’est enfuie pour le protéger. Deux impitoyables « hommes de mains » sont envoyés par les villageois sur les traces de Della pour la ramener et donner le bébé…
La première impression en lisant ce livre, c’est que tous ces êtres humains ont perdu, justement, toute humanité. Les conditions de vie sont tellement impitoyables (les loups, une ourse vindicative, les Français, les Pawnees, l’hiver glacial et rigoureux, l’absence de nourriture…) que les personnages ne cherchent qu’une chose : survivre, à tout prix. Et la violence, pour y parvenir, ne leur fait pas peur… jusqu’à transgresser certains des interdits les plus ancestraux, comme le cannibalisme ou le trafic d’enfants. La cruauté et l’absence totale de sentiments sont au détour de chaque page, chaque rebondissement…
En lisant ce livre, je n’ai pu m’empêcher de faire le rapprochement avec l’extrême violence qui se déchaîne dans la société américaine actuelle, et de me dire qu’avec de telles « bases » historiques, on s’étonne moins de l’attachement viscéral des Américains au port d’une arme.
Une lecture glaçante et fascinante à la fois. Il faut avoir le cœur bien accroché pour arriver au bout !
Stéphanie F.