Retour à Belfast, c’est avant tout un retour à une réalité qui semblait loin de Sean durant ses études de lettres à Liverpool. Un retour dans son milieu toujours aussi précaire, où la vie et les personnes qu’il a quittées semblent s’être figées durant son absence.
Rien n’a changé, à part Sean qui rêve d’autres choses. D’une vie meilleure où il pourrait continuer ses études. Mais Belfast n’a pas bougé. Ses amis d’enfance continuent d’errer et d’enchaîner les beuveries, où la drogue n’est jamais très loin d’eux.
Ce monde-là, Sean pensait l’avoir quitté mais il replonge aussitôt dedans une fois rentré. Les journées et les soirées s’enchaînent et se ressemblent, et les jobs miteux s’accumulent. Une émancipation rêvée mais qui semble s’éloigner de jours en jours et l’entraîner dans un gouffre.
Comment rêver d’ailleurs sans culpabiliser de vouloir s’émanciper de ses proches et de ce milieu qui vous a vu grandir ? Michael Magee nous entraîne au coeur de cette jeunesse désabusée du Nord de l’Irlande et de ces familles toujours autant marquées par l’histoire de leur pays qui ne cesse de revenir à eux et de les hanter.
L’auteur évoque avec justesse cette jeunesse tiraillée entre les traumas de leurs aînés et leurs idéaux nouveaux. C’est une profonde entrée dans une ville marquée par ses fantômes et où la jeunesse cherche encore sa place. C’est un roman bourré de mélancolie mais aussi de beaucoup de pudeur. Une quête de liberté grandissante dans laquelle l’apaisement tient le premier rôle.
♥️ Laurine
